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Une politicienne et avocate kényane expulsée de Tanzanie avant l'audition d'un opposant
information fournie par AFP 18/05/2025 à 16:10

Martha Karua, dirigeante du Parti de libération du peuple (PLP) et figure de proue de l'opposition kényane, lors d'une interview à Nairobi, le 5 mai 2025. ( AFP / Tony KARUMBA )

Martha Karua, dirigeante du Parti de libération du peuple (PLP) et figure de proue de l'opposition kényane, lors d'une interview à Nairobi, le 5 mai 2025. ( AFP / Tony KARUMBA )

La candidate à la présidentielle de 2027 au Kenya Martha Karua qui devait assister en tant qu'observatrice à une audition devant la justice de l'opposant tanzanien Tundu Lissu, menacé de la peine capitale, a été arrêtée dimanche en Tanzanie, d'où elle a été expulsée.

L'opposition tanzanienne et les ONG de défense des droits humains accusent le gouvernement tanzanien de la présidente Samia Suluhu de répression politique et de retomber dans les pratiques autoritaires de son prédécesseur John Magufuli (2015-2021), alors que des élections présidentielle et législatives doivent se tenir en octobre.

Mme Karua, qui est également avocate, a été "détenue à l'aéroport international Julius Nyerere de Dar es Salaam, interrogée pendant trois heures. Son passeport a été confisqué et elle est en attente d'expulsion", avait déclaré sa porte-parole à l'AFP.

Dans un message sur X publié vers 16H15 heure kényane (13H15 GMT), Martha Karua a indiqué qu'elle avait "atterri" au Kenya, plus d'une heure après avoir posté sur son compte que son expulsion était "achevée" et qu'elle était dans un avion pour Nairobi.

Sa formation politique, le Parti de liberation du peuple, dans un communiqué, a dénoncé un "acte honteux" constituant "une atteinte" à la "dignité personnelle" et aux "libertés fondamentales" de Mme Karua et des deux avocates l'accompagnant, ainsi qu'une "violation flagrante des principes de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE), dont le Kenya et la Tanzanie sont membres, qui "garantit la libre circulation des personnes" et "l'État de droit".

Le chef de l'opposition Tundu Lissu, inculpé en avril pour "trahison", risque la peine de mort en Tanzanie. Il doit être présenté lundi devant la justice.

Critique virulent du Chama Cha Mapinduzi (parti de la révolution - CCM), la formation au pouvoir depuis l'indépendance en 1961, Tundu Lissu avait survécu à une tentative d'assassinat en septembre 2017.

Le principal opposant tanzanien Tundu Lissu au tribunal de Dar es Salaam lors de son inculpation pour trahison, le 10 avril 2025 ( AFP / ERICKY BONIPHACE )

Le principal opposant tanzanien Tundu Lissu au tribunal de Dar es Salaam lors de son inculpation pour trahison, le 10 avril 2025 ( AFP / ERICKY BONIPHACE )

A la tête de Chadema, le principal parti d'opposition, il avait appelé au changement après un raz-de-marée du CCM en novembre dernier lors d'élections locales, qualifiées par l'opposition de scrutin "manipulé".

"La solution pour cacher la honte d'une fausse affaire de trahison n'est pas d'interdire l'accès aux avocats étrangers, mais d'abandonner complètement l'affaire", a posté sur X le secrétaire général de Chadema, John Mnyika.

L'Alliance pour le changement et la transparence (ACT Wazalendo), un autre parti d'opposition tanzanien, a de son côté dénonce un acte "inacceptable" qui "discrédite" la Tanzanie.

- "Erosion des principes démocratiques" -

Martha Karua, ancienne ministre de la Justice kényane, s'est déclarée candidate d'opposition pour la présidentielle de 2027 face au chef de l'Etat sortant William Ruto, dont elle qualifiait l'action de "désastre", notamment en termes de violations des droits humains et de corruption, lors d'un entretien récent avec l'AFP.

"Nous sommes en pleine tourmente. C'est comme si notre Constitution avait été suspendue", critiquait-elle. "Nous avons des enlèvements, des arrestations arbitraires, des exécutions extrajudiciaires... Et la police et les autorités ne prennent pas leurs responsabilités."

Selon des groupes de défense des droits humains, au moins 60 personnes ont été tuées lors des protestations de juin et juillet derniers au Kenya, et au moins 89 enlevées depuis lors, 29 étant toujours portées disparues. La police nie toute implication. L'enquête sur ces affaires n'a guère progressé.

Des groupes de défense des droits humains manifestent pour la libération du leader de l'opposition ougandaise détenu Kizza Besigye, le 24 février 2025 à Nairobi ( AFP / SIMON MAINA )

Des groupes de défense des droits humains manifestent pour la libération du leader de l'opposition ougandaise détenu Kizza Besigye, le 24 février 2025 à Nairobi ( AFP / SIMON MAINA )

Mme Karua, qui devait assister en tant qu'observatrice à l'audition lundi devant la justice tanzanienne de Tundu Lissu, défend par ailleurs le chef de l'opposition ougandaise, Kizza Besigye, qui a été enlevé au Kenya l'année dernière et ramené dans son pays d'origine pour y être également accusé de trahison. L'Ouganda organise des élections en janvier.

"Nous assistons à une érosion totale des principes démocratiques dans les trois pays : Le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda", avait déclaré M. Karua à l'AFP début mai.

"Tous ces pays sont devenus dangereux, non seulement pour les autres, mais aussi pour leurs propres ressortissants. Je lie cela aux prochaines élections", avait-elle ajouté, accusant les dirigeants des trois pays de "collaborer".

En Tanzanie, le parti de Lissu, Chadema, a été exclu des prochaines élections après avoir refusé de signer un nouveau "code de conduite électoral" qui selon cette formation n'incluait pas les réformes qu'elle exigeait.

En Ouganda, le chef de l'armée Muhoozi Kainerugaba, qui est également le fils et l'héritier du président de longue date Yoweri Museveni, a menacé jeudi les électeurs qui ne voteraient pas pour son père de les expulser du pays.

Les personnes "qui ne soutiennent pas Mzee sans réserve" devront être "très prudentes", a-t-il écrit sur X jeudi, désignant son père par son titre honorifique. "Nous expulserons tous les traîtres", a-t-il encore lancé.

1 commentaire

  • 18 mai 22:20

    "menacé les électeurs qui ne voteraient pas pour son père de les expulser du pays". Poutine et son valet Donald ont des émules.


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